L'atome le plus lourd

Publié le par Jérémy

Vous vous souvenez de la classification périodique de Mendeleiev ?

http://www.cig.ensmp.fr/~hhgg/phch/tabperel.htm

Ce grand tableau placardé sur les murs de toute bonne salle de Chimie qui se respecte ! On a dû vous l’expliquer en long, en large, en travers, ça vous a peut-être passionnés, peut-être barbés, sans doute intrigués… Comment ça " non " ? ? Petit rappel : ce tableau a pour but de répertorier tous les éléments existant sur Terre, naturels ou artificiels. En gros, certains existent dans la nature (l’or, l’argent, le cuivre, le fer, etc.), d’autres non. Ceux qui n’existent pas dans la nature ont juste été fabriqués artificiellement par l’homme dans des grosses machines, observés pendant quelques fractions de secondes, et basta.

Comment les éléments sont–ils ordonnés dans cette classification ? Tout d’abord, sachez qu’un atome est constitué d’un noyau et d’électrons gravitant autour du noyau. Le noyau lui même contient deux sortes de particules, des protons et des neutrons. Ce qui est caractéristique d’un élément, c’est son nombre de protons. Ainsi, un noyau à 6 protons s’appellera toujours " carbone ", un noyau à 53 protons, toujours " iode ". Dans la classification que je vous ai proposée plus haut, vous avez remarqué que l’on s’arrête à l’élement de symbole Lw, qui contient 103 protons dans son noyau. Un sport très en vogue chez les physiciens des particules est de fabriquer de nouveaux atomes, contenant le plus de protons possible. Comment ? On prend des gros atomes, on les bombarde avec d’autres atomes, avec un peu de bol ils fusionnent pour donner un atome super gros qui ne vivra que quelques fractions de secondes, mais tout le monde est content, ça rajoute une case à la classification.

Il y a très peu de temps, il semblerait que l’on ait observé un noyau de 118 protons. Joliment nommé ununoctium, cet atome sumo est le plus gros jamais observé à ce jour. Il est tellement gros que la nature ne sait pas le fabriquer toute seule. Des savants ont travaillé des milliers d’heures pour l’observer pendant moins d’une milliseconde, mais ça a suffi à leur bonheur. Alors certes, l’enthousiasme n’a pas été délirant dans la communauté scientifique, pour deux raisons : une autre équipe avait déjà annoncé il y a deux ans la fabrication de l’ununoctium, mais il semblerait que c’était une arnaque. D’autre part, l’expérience n’est pas reproductible, car l’ununoctium ne pourrait être fabriqué que dans un seul laboratoire au monde. Et ça, les savants n’aiment pas du tout !

A quoi ça sert tout ça, allez-vous me rétorquer (d’autant plus que ça coûte des sous tout ça) ? Dans l’immédiat, à comprendre la structure des noyaux des atomes. Ce qui peut toujours avoir des retombées inattendues dans la vie courante à long terme, mais il est bien trop tôt pour le savoir.

Publié dans sciencequotidienne

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